Alors que les activités de la fête du travail se clôturaient, le Scheick Ali Amin Ousman avait été assassiné par balle vers 19h 15, un certain samedi 1er mai 2021, alors qu’il conduisait la prière dans la mosquée de Beni Mupanda, en ville de Beni au Nord-Kivu.
Un coup de feu avait retenti dans la mosquée ce jour-là en plein mois de Ramadan. L’imam Ali Amin, représentant régional et chargé de culte, était à la première position et avait été touché par balle avant de décéder quelques instants après.
Quatre ans après son assassinat, les habitants de Beni gardent des souvenirs du Scheick. Ce jeudi 1er mai, Makofi Bukuka Gervais, l’un des notables de la région, le reconnaît comme un artisan de l’unité et du développement. À travers ses prédications, il dénonçait les tueries des innocents civils par les combattants de l’ADF.
« Nous savons tous que le Scheick Ali Amin enseignait l’amour et l’unité… Il apprenait aussi aux musulmans le développement et l’auto prise en charge », se rappelle encore Makofi Bukuka Gervais.
Qui a réellement ordonné l’assassinat du Scheick ?
Quelques événements d’horreur avaient précédé le meurtre de l’Imam, plongeant ainsi la population dans la terreur. Peu avant sa mort, un musulman soldat des FARDC nommé Nkoy Bufulu avait été tué par balle au quartier Cité Belge, non loin de la mosquée.
Un temps après, le chef rebelle de l’ADF, le commandant Moussa Baluku, était pointé du doigt devant le tribunal militaire lors d’un procès contre les présumés terroristes de l’ADF à Beni.
Dans son récit, le chercheur Trésor Kapepela Benjamin rapporte la déclaration du combattant ADF Ismaël Ukumu, qui avait affirmé que l’ordre de l’assassinat du Scheick Ali Amin avait été donné par Moussa Baluku et exécuté par ses deux compagnons : Boaz et Kahume, tous venus du camp Madhina.

« La décision de tuer le Scheick Ali Amin a été prise par le Scheick Moussa Baluku, qui a confié l’exécution à deux des commandants, dont Kahume et Boaz », avait déclaré Sumaili Ukumu devant la barre.
Selon lui, les assassins avaient passé quelques jours à Beni près de la mosquée au quartier Boikene, au domicile d’un autre musulman, collaborateur des ADF. Dans la file, un autre jeune et certains taximans moto étaient chargés de surveiller « tout mouvement » du Scheick.
« C’est un jeune musulman parti prier à la mosquée qui nous avait signalé que le Scheick est sur place. Nous étions venus à trois : moi sur la moto, Boaz et Kahume sur la leur », avait-il témoigné.
Dans ses aveux, Sumaili Ukumu raconte qu’il détenait une arme de type AK-47 cachée sous sa soutane. Il aurait pénétré la mosquée comme tout « bon musulman ». D’après lui, son complice Boaz était resté dehors, tandis que Kahume l’avait rejoint avec son revolver, qui avait tiré à bout portant sur la victime.
C’était le 1er mai, comme aujourd’hui, que le Scheick Ali Amin était tué en public dans une mosquée. Quatre ans après ce drame, le doute règne toujours parmi les habitants sur le mobile et les vrais auteurs de cet crime. La même année, le Scheick Jamali Moussa avait également été éliminé par balle à Mavivi, près de la mosquée, où il revenait de la prière.