La Synergie des Sociétés Civiles et Mouvements Citoyens d’Uvira s’oppose fermement à toute intention de décréter un état de siège dans la province du Sud-Kivu.
Dans une déclaration ce jeudi 9 octobre adressée aux autorités nationales, cette structure juge la mesure « inutile, dangereuse et inefficace », au regard de l’expérience du Nord-Kivu et de l’Ituri, où un tel dispositif est en vigueur depuis plus de quatre ans.
« L’état de siège ne garantit pas la sécurité. L’expérience du Nord-Kivu et de l’Ituri le prouve », écrit la Synergie, rappelant que malgré cette mesure exceptionnelle.
« Les civils continuent de subir massacres, kidnappings, violences et déplacements forcés ».
La société civile d’Uvira évoque également des violations répétées des droits humains dans les zones déjà concernées, citant les constats d’Amnesty International sur « les atteintes à la liberté de circulation, d’expression et d’association » ainsi que « les arrestations arbitraires ».
Selon la Synergie, l’état de siège s’est transformé en « un régime d’exception permanent », avec plus de 80 prorogations depuis 2021, ce qui pose un problème de « légitimité et de contrôle démocratique ».
Sur le plan local, les acteurs de la société civile alertent sur les conséquences humanitaires et économiques d’une telle mesure :

« Elle risquerait d’isoler la province, d’entraver le commerce, de bloquer l’aide humanitaire et de plonger encore plus les populations dans la précarité. »
Outre le rejet de l’état de siège, la note attire l’attention sur la vacance du commandement militaire régional à Uvira, consécutive au décès du commandant de la 33e région militaire le 12 septembre dernier.
« Cette disparition a laissé un grand vide dans la chaîne de commandement militaire locale, essentielle pour la coordination des opérations dans cette zone sensible », souligne le document lu par Mapenzi Manyebwa.
La Synergie demande au président de la République de nommer rapidement un nouveau commandant régional et son adjoint chargé des opérations et du renseignement, estimant que cette absence crée « une situation d’incertitude et de vulnérabilité » dans une zone classée rouge.
Les signataires affirment que la solution à l’insécurité doit passer par « le renforcement de la police locale, l’amélioration du renseignement communautaire et la mise en place de programmes de protection citoyenne », plutôt que par une mesure d’exception.
« L’état de siège n’est pas la solution pour le Sud-Kivu. Il ne ramène pas la paix, il aggrave les souffrances », conclut la Synergie des Sociétés Civiles et Mouvements Citoyens d’Uvira, qui appelle la population à « rester vigilante, unie et engagée pour une gouvernance participative et respectueuse des droits humains ».

