En visite officielle à Kinshasa du 20 au 22 juin, le général ougandais Muhoozi Kainerugaba a été reçu avec tous les égards. À la clé : la reconduction de l’opération Shujaa, censée renforcer la lutte conjointe entre les FARDC et les UPDF contre les ADF dans l’est de la RDC.
À première vue, tout indiquait une coopération solide. Poignées de main, photo de famille, discours rassurants. Pourtant, à peine rentré à Kampala, Muhoozi a adopté un ton différent. Sur son compte X (ex-Twitter), il a lancé une charge inattendue contre les Wazalendo, cette coalition de milices congolaises qui combattent aux côtés des FARDC contre le M23.
Dans un tweet du 22 juin à 21h 06, Muhoozi écrit : « Les Wazalendo sont clairement une force négative ! Je crois que les forces conjointes de l’UPDF et des FARDC les attaqueront où qu’ils soient. » Des propos qui tranchent avec la ligne officielle affichée à Kinshasa. Muhoozi est-il réellement l’allié que la RDC pense avoir ?
Le lendemain, il qualifie Paul Kagame de « héros », déclarant que son amour pour lui « est pour toujours ». Ce message, posté moins de 24 heures après sa rencontre avec Tshisekedi, n’a pas manqué d’interpeller à Kinshasa, où Kagame est accusé de soutenir le M23.

Pour plusieurs analystes, cette succession de déclarations ne relève pas de l’improvisation. Le journaliste congolais Steve Wembi écrit : « Muhoozi s’approprie du combat de l’AFC/M23 tout en collaborant avec Tshisekedi. » Difficile, dans ces conditions, de parler de partenariat sincère.
L’ambiguïté du général place Kinshasa dans une situation inconfortable. L’Ouganda est un acteur militaire important dans la région, notamment dans la traque des ADF. Mais les prises de position publiques de Muhoozi jettent un flou sur les intentions de Kampala. Proche de Kagame, Muhoozi donne parfois l’impression de porter une voix parallèle à celle de la diplomatie ougandaise — plus favorable à Kigali.
Pendant que Kinshasa parle d’alliance régionale, Muhoozi communique une autre vérité sur X, souvent en direct, sans filtre. Une vérité bien moins amicale, et potentiellement explosive.
La question n’est plus marginale : Tshisekedi a-t-il été dupé ? L’attitude de Muhoozi risque de faire vaciller ce que Kinshasa croyait être un partenariat stratégique.