Les représentants des communautés Banyamulenge et Tutsi d’Europe ont adressé une lettre ouverte aux autorités françaises, belges et européennes le 4 juin 2025, pour dénoncer une « campagne de déformation du récit » autour du génocide en cours dans l’est de la République démocratique du Congo. Cette initiative intervient alors que trois émissaires du gouvernement congolais – Enock Sebineza, Diouf Nizeyimana et Jean Scohier Muhamiriza – sont en mission diplomatique en Europe pour, selon les signataires, « masquer les responsabilités du régime de Kinshasa dans les violences contre les populations tutsi et banyamulenge ».
Les auteurs du courrier affirment que les Banyamulenge sont victimes depuis des années de persécutions, de déplacements forcés et d’exactions perpétrées avec la complicité des Forces armées congolaises et de groupes armés alliés.
« Le pays est plongé dans une logique d’épuration ethnique silencieuse », déclare David Gakiza, représentant de la communauté Banyamulenge en Europe. « Le gouvernement congolais tente aujourd’hui de réécrire l’histoire à travers des visages issus de notre propre communauté, mais corrompus et non mandatés par nos structures officielles. »
La lettre dénonce également les opérations militaires récentes dans la région de Minembwe, où des civils seraient bombardés par drones, avec l’appui de milices telles que les Wazalendo et les FDLR.

« Il est inacceptable qu’un État utilise son armée nationale pour massacrer une partie de sa population », s’indigne Patrick Rwizihirwa, représentant en France. Les auteurs soulignent que cette situation résulte d’une haine ethnique entretenue par des discours de responsables politiques congolais.
Les signataires appellent à une vigilance accrue des autorités européennes face aux tentatives de manipulation. « Ces trois individus n’ont jamais été mandatés par nos organisations communautaires. Leurs interventions ne reflètent en rien la réalité du terrain ni les positions de notre peuple », affirme Emmanuel Nkunda, représentant en Belgique.
Ils demandent aux ministres des affaires étrangères de France et de Belgique ainsi qu’à la Haute Représentante de l’Union Européenne que ces envoyés soient déchus de toute crédibilité diplomatique.
Les représentants de la diaspora banyamulenge rappellent que plusieurs institutions internationales, dont Human Rights Watch et les Nations Unies, ont alerté sur la montée des discours de haine en RDC.
« L’histoire nous enseigne que le silence de la communauté internationale précède souvent les pires atrocités. Nous appelons à une action urgente avant qu’il ne soit trop tard », conclut Etienne Serubungo, représentant en Norvège. Ils exigent que l’Union Européenne adopte une posture de neutralité rigoureuse et refuse d’être complice d’une réécriture des faits aux dépens des victimes.