L’ancien Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo, aujourd’hui député national, a été condamné mardi à 10 ans de travaux forcés par la Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo. Il a été reconnu coupable de détournement de plus de 200 millions de dollars de fonds publics dans le cadre du projet agro-industriel de Bukanga-Lonzo. Cette condamnation a suscité des vives réactions dans la classe politique et parmi les acteurs de la société civile.
« La charité bien ordonnée commence par soi-même. Commencez donc par arrêter vos voleurs à tous les niveaux et exiger qu’ils restituent ce qu’ils ont volé. Si vous affirmez que Kabila avait instauré la médiocrité, alors ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir en sont également le résultat », a déclaré la sénatrice congolaise, Francine Muyumba, du camp Kabila.
Sur les 279 millions USD décaissés par le Trésor public, seuls 34 millions ont été affectés au projet. Le reste aurait été détourné, a déclaré la Cour lors du jugement.

Des réactions de la société civile
« La condamnation de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo et consorts est un avertissement lancé à tous les prédateurs des finances publiques. Nous félicitons la Cour et suivrons l’exécution effective de la décision de la Cour constitutionnelle de la RDC », a déclaré l’association congolaise pour l’accès à la justice.
Du côté de la LUCHA, on estime que le scandale de Bukanga-Lonzo ne pouvait pas rester impuni. Cette structure citoyenne rappelle que tant que les proches de Tshisekedi impliqués dans des détournements flagrants, comme Mutamba récemment, échapperont aux poursuites, il sera difficile de parler de justice et d’état de droit.
À part les 10 ans de travaux forcés pour Matata Ponyo, cet acteur politique de la scène congolaise est frappé d’une peine d’inéligibilité de 10 ans, conformément aux réquisitions du procureur général.