Dans un acte de courage et de responsabilité, les membres du Comité provincial de l’enfant ont exprimé leurs inquiétudes face à la malnutrition persistante en Ituri, ce mardi 4 novembre 2025. Ils appellent les autorités à renforcer les actions pour garantir à chaque enfant une alimentation saine et suffisante.
La malnutrition infantile, aggravée par les conflits, est en train de voler l’avenir de toute une génération.
Des chiffres alarmants
Loin d’être un simple cri d’alarme, le plaidoyer du Comité s’appuie sur des données sanitaires incontestables qui révèlent l’ampleur du drame dans deux territoires :
À Mambasa : 14,1 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë, dont 3,3 % sous sa forme sévère.
À Djugu : le taux de malnutrition aiguë atteint 8,6 %, dont 4,3 % de cas sévères.
Ces pourcentages dépassent largement le seuil d’urgence de 2 % fixé par les organisations humanitaires pour la malnutrition aiguë sévère, un niveau qui devrait déclencher une intervention massive et prioritaire.
« Ces données montrent que les deux territoires dépassent largement ce seuil critique, ce qui justifie une intervention urgente », martèlent les jeunes membres du Comité.
Derrière les chiffres, un drame humain
Derrière la froideur des statistiques se cache un drame humain insoutenable.
Lors d’une visite sur le site des déplacés de Kigonze, les enfants du Comité ont été profondément marqués par leur rencontre avec Joséphine, une fillette de quatre ans.
« Son ventre était gonflé, son corps couvert d’œdèmes », témoignent-ils, décrivant les stigmates visibles de la malnutrition aiguë sévère.

Quelques jours après cette rencontre, Joséphine est décédée — morte de faim.
Une mort évitable, dans une province fertile, mais que la violence prive des champs et des moyens de subsistance.
« Joséphine n’est pas un cas isolé. Des milliers d’enfants en Ituri vivent la même souffrance, et beaucoup risquent de mourir si rien n’est fait », alerte le Comité.
Un appel solennel à l’action
Avec une maturité saisissante, les jeunes rappellent que cette situation constitue une violation grave de leurs droits fondamentaux, garantis par la Constitution congolaise et la Convention internationale relative aux droits de l’enfant.
La malnutrition les prive du droit à la vie, à la santé et à un développement harmonieux.
Face à cette urgence, le Comité lance un triple appel :
- Aux parties prenantes aux conflits :
« Priorisez la paix et la sécurité. Sans paix, il n’y aura ni retour aux champs, ni soins, ni école, ni avenir pour les enfants. »
- Aux autorités et partenaires humanitaires :
« Renforcez d’urgence les programmes nutritionnels dans les zones les plus touchées, notamment dans les camps de déplacés. »
- À la société tout entière :
« Refusons que la faim devienne une habitude ou un destin. La malnutrition n’est pas seulement liée au manque de nourriture, c’est aussi un manque de paix, de solidarité et d’amour. »
Le message est clair et pressant : le temps n’est plus aux constats, mais à l’action.
« Nous ne voulons plus nous taire. Nous voulons vivre, apprendre, jouer et grandir », concluent-ils.
La balle est désormais dans le camp des décideurs.
La province de l’Ituri, meurtrie mais résiliente, attend de voir si ce cri d’alarme, porté par les voix du Comité provincial de l’enfant, parviendra à éveiller les consciences et à déclencher la réponse salvatrice que réclame l’urgence.
Rachidi Kudra, depuis Bunia

