La tension diplomatique reste vive entre Kinshasa et Kigali après les nouvelles déclarations du président congolais Félix Tshisekedi, qui a défendu sa récente main tendue au Rwanda comme un geste de courage politique, et non de faiblesse.
S’exprimant samedi à Bruxelles devant la diaspora congolaise, le chef de l’État a affirmé :
« Je suis très, très loin d’être faible. J’ai réussi à le prouver. Si aujourd’hui on parle de sanctions, de médiation africaine, du Qatar, de Washington, je crois que c’est grâce, quelque part, à ce que j’ai fait. »
Félix Tshisekedi a également appelé ses compatriotes à ignorer les critiques suscitées par cette initiative.
« Laissez parler les aigris, les ignorants. Nous, nous savons ce que nous faisons », a-t-il ajouté, sous les applaudissements de la salle.
Abordant directement la polémique sur sa proposition d’une “paix des braves” adressée à son homologue rwandais, Paul Kagame, le président congolais a insisté sur la sincérité de sa démarche.
« La paix des braves n’est pas une faiblesse. Je sais que cela a troublé, mais je ne tiens pas compte de ce qui est sorti. Je sais qu’ils vont réfléchir et me faire une offre. C’est ce que j’attends. »

Ces propos interviennent quelques jours après que Kigali a qualifié cette main tendue de « comédie politique ridicule ». Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a de nouveau réagi avec fermeté, déclarant :
« Il pourra toujours attendre jusqu’aux calendes grecques, car le Rwanda n’est vraiment pas intéressé à participer à cette commedia dell’arte improvisée, destinée à un public congolais et international non averti. »
Le diplomate rwandais met en évidence les différentes démarches initiées pour la paix à l’est de la RDC et accuse le président Tshisekedi de les freiner chaque fois.
« C’est plutôt le médiateur américain qui attend toujours que le Président Tshisekedi revienne sur sa décision de rejeter le Cadre régional d’intégration économique (REIF), pourtant approuvé par la délégation congolaise à Washington le 3 octobre 2025. C’est plutôt le médiateur qatari qui attend toujours que le Président Tshisekedi mette fin à ses blocages et fasse des progrès significatifs dans le processus de paix de Doha », a-t-il écrit sur son compte X, et de conclure :
« Et ce sont plutôt les médiateurs, les parties aux deux processus de paix et la communauté internationale qui attendent toujours que le Président Tshisekedi cesse de violer le cessez-le-feu par ses avions de chasse et ses drones d’attaque, qu’il cesse les attaques contre les villages Banyamulenge et autres Congolais Tutsi, qu’il neutralise effectivement les génocidaires FDLR, qu’il cesse de collaborer avec des milices criminelles Wazalendo sous sanctions internationales, qu’il mette fin aux discours de haine et à une attitude belliqueuse contre le Rwanda, et qu’il renonce à faire recours à des mercenaires, ce qui est en violation du droit international. »
Cette joute verbale illustre la persistance d’un climat de méfiance entre les deux pays, alors que les combats se poursuivent dans l’est de la République démocratique du Congo entre les forces armées congolaises et les rebelles du M23, que Kinshasa accuse d’être soutenus par Kigali, une allégation toujours rejetée par le gouvernement rwandais.

