Le mouvement politico-militaire AFC/M23 a réclamé jeudi 3 juillet 2025 une série de mesures concrètes de la part du gouvernement congolais pour le cinquième cycle des pourparlers de paix en cours à Doha.
Ces demandes ont été formulées par Benjamin Mbonimpa, secrétaire permanent et chef de la délégation du M23/AFC aux négociations lors d’une conférence de presse.
« Après avoir exécuté dix actes de bonne foi pour démontrer notre volonté d’aller vers la paix, il est temps que le gouvernement de Kinshasa fasse à son tour des gestes clairs et réciproques », a déclaré Mbonimpa lors de ce point presse à Goma.
Le M23/AFC demande notamment :
- « L’abrogation de la loi votée par le Parlement congolais interdisant toute négociation avec le M23, afin d’éviter que l’éventuel accord de Doha soit jugé illégal à Kinshasa ;
- La levée de tous les mandats d’arrêt visant ses cadres et l’abandon des poursuites judiciaires en cours ;
- La libération des personnes détenues en lien familial ou amical avec des membres du M23, jugées “victimes d’arrestations arbitraires” ;
- La réouverture des banques dans les zones sous contrôle du M23, mesure jugée “punitive” à l’égard des civils ;
- La fin des discours de haine et de la stigmatisation, en particulier envers les Congolais d’expression rwandophone ;
- La reconnaissance officielle par le président Félix Tshisekedi du processus de Doha et l’envoi de négociateurs mandatés ;
- Le respect d’un cessez-le-feu bilatéral. »
Selon Mbonimpa, « les représentants de la RDC présents à Doha n’ont aucun mandat officiel, alors que nous avons présenté un mandat signé par notre coordination à la médiation. Ce déséquilibre donne l’impression que ces pourparlers sont pris à la légère par Kinshasa. »

Le M23/AFC accuse le gouvernement congolais de poursuivre des actions militaires pendant les négociations.
« Un quartier général des FARDC a été érigé à Bujumbura pour planifier des attaques contre Goma, Bukavu et d’autres zones que nous contrôlons. En parallèle, le régime a acquis des drones kamikazes destinés à frapper les populations civiles, comme l’a reconnu le commandant Wazalendo, Foka Mike », a affirmé Mbonimpa.
Il a aussi dénoncé une campagne de délégitimation menée contre les membres du mouvement.
« Tous nos cadres sont traités de Rwandais, sauf Lawrence Kanyuka. C’est une manière d’invalider notre légitimité congolaise. »
« Nous avions demandé à maintes reprises, depuis Doha 1 jusqu’à Doha 4, qu’un cessez-le-feu bilatéral soit signé avant toute discussion. Ils ont catégoriquement refusé », a déploré Mbonimpa.
Sur le volet humanitaire, le M23 revendique l’avoir facilité : « À l’époque du gouvernement de Kinshasa, toutes les ONG payaient des taxes. À notre arrivée, nous les avons supprimées et avons ouvert le couloir humanitaire à toutes les organisations pour qu’elles opèrent sans entrave. »
Malgré les frustrations exprimées, Mbonimpa affirme que des échanges avec la MONUSCO sont en cours.
« Avec la représentante de la MONUSCO, il y a eu des discussions avec notre hiérarchie. Des progrès ont été accomplis. »
Le M23/AFC dit rester engagé dans le processus de paix, mais appelle à des garanties solides.
« Nous allons partir à Doha avec ces mesures d’établissement de la confiance sur la table. D’abord que les armes se taisent, et ensuite que l’on commence à traiter les causes profondes. Voilà un peu la situation. »
Alors que le cinquième round des pourparlers de Doha doit s’ouvrir dans les prochains jours, le climat reste tendu, mais le canal diplomatique demeure pour l’instant ouvert.