Un rapport accablant intitulé « Réparer les victimes, pas détourner les fonds » du mouvement citoyen Filimbi, publié le 26 juin à Kisangani, dénonce des irrégularités graves dans la gestion du FRIVAO (Fonds de réparation et d’indemnisation des victimes des activités illicites de l’Ouganda en RDC). Doté de 195 millions USD sur les 325 millions alloués par la Cour internationale de justice (CIJ), ce fonds est accusé d’avoir attribué un marché de 1 million USD à l’agence privée DIVO INTERNATIONAL SARLU pour la réalisation d’un documentaire sur la guerre de six jours à Kisangani, sans respecter les procédures légales.
Le rapport révèle que le contrat, initialement évalué à 700 000 dollars, a fait l’objet de deux décaissements de 500 000 USD chacun, dans un contexte d’opacité totale. La régularisation des fonds a été tardive et floue, et le documentaire, censé être livré en deux mois, n’a été présenté qu’après six mois, sous la pression de Filimbi, dans la salle Show Buzz, propriété du patron de DIVO, M. Deodivo, en présence du coordonnateur du FRIVAO.
« Le programme d’indemnisation, censé constituer le cœur moral de la mission du FRIVAO, est aujourd’hui entaché par des pratiques de fraude, d’extorsion et de détournement, » note le rapport de Filimbi.
Des informations concordantes révèlent également que des individus absents de la base de données officielle ont perçu des montants de 2 000 dollars, sans aucune vérification préalable. En revanche, des survivants légitimes se sont vus demander jusqu’à 500 dollars pour accéder à l’indemnité qui leur revient de droit, déplore le rapport.

« Plusieurs témoignages confirment cette réalité glaçante. L’un d’eux évoque un appel annonçant l’octroi des 2 000 dollars, conditionné au versement préalable de 500 dollars, » précise le rapport.
Un autre témoignage raconte qu’un nom a été rayé des listes en raison du manque d’argent pour motiver le dossier, malgré la légitimité évidente de la victime. Ce système de corruption, associé à une instrumentalisation cynique de la souffrance humaine, constitue une nouvelle agression pour ceux qui espéraient réparation.
« Ce qui devait incarner l’espoir d’un peuple meurtri devient, au fil des révélations, l’emblème d’une trahison institutionnalisée, » affirme le rapport Filimbi.
Conçu comme un instrument de justice réparatrice pour les victimes des atrocités à l’Est, le FRIVAO est désormais au cœur d’un scandale d’une ampleur alarmante. La structure, censée restaurer la dignité des survivants, est aujourd’hui synonyme de mauvaise gouvernance, de favoritisme et de détournements présumés de fonds publics, regrette le mouvement citoyen dans son rapport.
Filimbi exige un audit indépendant et public du FRIVAO, ainsi que des poursuites judiciaires contre les responsables présumés de corruption et de fraude. Le FRIVAO gère une dotation exceptionnelle de 195 millions USD déjà versée par l’Ouganda sur les 325 millions USD fixés par l’arrêt de la CIJ de février 2022, en réparation des préjudices causés lors de la guerre de six jours et entre 1998 et 2000.