Vingt-quatre heures après sa rencontre avec le président Félix Tshisekedi, le général Muhoozi Kainerugaba, chef d’état-major de l’Armée populaire ougandaise (UPDF), a exprimé des critiques acerbes à l’encontre des Wazalendo, un groupe de partenaires des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) dans la lutte contre le M23.
« Les Wazalendo sont assurément une force négative ! Je suis convaincu que les forces conjointes de l’UPDF et des FARDC les attaqueront partout où nous les trouverons. À moins qu’ils ne soient assez intelligents pour se rendre », a déclaré Kainerugaba via son compte X.
Le général Kainerugaba était en visite à Kinshasa le 20 juin dans le cadre d’une évaluation de l’opération militaire conjointe FARDC-UPDF, lancée pour contrer les menaces des groupes armés, notamment les rebelles ougandais des ADF. Cette opération, désignée sous le nom de Shujaa, a été mise en œuvre depuis novembre 2021 et vise à restaurer la sécurité dans l’est de la RDC, région marquée par des violences récurrentes.
Au cours de sa rencontre avec Tshisekedi, Kainerugaba a exposé les progrès réalisés dans la lutte contre les ADF, qui ont été impliqués dans de nombreux massacres de civils. Les deux dirigeants ont souligné l’importance de la coopération militaire pour faire face aux défis sécuritaires régionaux.
Les déclarations de Kainerugaba ont suscité des réactions mitigées, certains analystes exprimant des inquiétudes quant à l’escalade des tensions entre les alliés. D’autres estiment que ces propos pourraient renforcer la détermination des forces congolaises à lutter contre les menaces internes.
Alors que la situation demeure volatile, et les tensions omniprésentes entre la RDC et le Rwanda accusé de soutenir l’AFC-M23, Kainerugaba a fait des éloges au président Paul Kagame qu’il considère comme son oncle.
« Quiconque prétend que je suis en désaccord avec mon oncle bien-aimé, Afande Kagame, sur quoi que ce soit, me cherche en réalité l’enfer. Et je vais régler tous ces problèmes », a-t-il écrit.

Cette déclaration intervient au lendemain de la rencontre entre Kainerugaba et le président Félix Tshisekedi à Kinshasa.
Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre des Affaires étrangères de la RDC, avait convoqué Matata Twaha, chargé d’affaires de l’Ouganda, le 18 décembre 2024. Elle a demandé des éclaircissements sur les propos jugés « déplacés » de Kainerugaba, qui avait menacé d’attaquer les mercenaires blancs en RDC à partir du 2 janvier 2025. La ministre a souligné la nécessité d’une clarification officielle des autorités ougandaises concernant la situation sécuritaire et les relations entre les deux pays.
Dans des messages sur Twitter le 22 mars dernier, Kainerugaba a traité le gouverneur de l’Ituri de « très stupide » et a annoncé son intention de l’arrêter bientôt. Il avait déclaré que l’UPDF ne s’opposerait pas à la prise de Kisangani par le M23, mais qu’elle agirait si nécessaire. Il a également exprimé sa détermination à combattre le groupe armé CODECO, affirmant avoir tué 300 de ses membres et souhaitant en éliminer davantage.
L’avenir de l’opération Shujaa et la coopération entre les FARDC et l’UPDF seront scrutés de près, tant par les acteurs locaux que par la communauté internationale.
Depuis son lancement, l’opération Shujaa a permis de démanteler plusieurs bastions des ADF, en particulier dans les territoires de Beni et d’Irumu. En mai 2024, les FARDC et l’UPDF avaient déjà réaffirmé leur engagement commun lors d’une évaluation qui a mis en lumière des succès partiels dans la lutte contre le terrorisme.
En septembre 2024, une avancée majeure de l’opération a été enregistrée avec la destruction d’une base stratégique des ADF entre les villages de 47 et Kota-Okola, près de Mamove. Ce succès a été accueilli avec prudence, les responsables militaires restant conscients des défis persistants sur le terrain.