Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a exprimé ce 17 juin une vive inquiétude concernant la détérioration du système de santé dans les Kivu, en République démocratique du Congo (RDC). Cette dégradation est attribuée aux conflits armés, à l’insécurité persistante, et à la baisse significative des financements humanitaires. Le CICR avertit que sans intervention rapide, la vie de milliers de personnes est en danger.
Entre avril et mai 2025, le CICR a réalisé une étude sur 109 centres de santé dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. Les résultats révèlent un risque d’effondrement du système sanitaire, menaçant des millions de personnes. « Avec un accès à des soins et à des médicaments fortement restreint, les risques pour une personne vivant au Nord ou Sud-Kivu sont alarmants », a déclaré François Moreillon, chef de délégation du CICR en RDC.
L’insécurité due aux combats limite les déplacements des malades et entraîne souvent la fuite du personnel soignant. En conséquence, les consultations chez les enfants de moins de cinq ans ont chuté de 50 % par rapport à 2024.
Le nombre d’enfants vaccinés est également en forte baisse passant de 67 000 en 2023 à seulement 29 000 en 2025.

Une autre préoccupation majeure est l’augmentation des mort-nés, qui a quadruplé dans certaines structures du Nord-Kivu. Etienne Penlap, coordinateur santé pour le CICR, a souligné que cette situation met en danger la couverture vaccinale des mères et des nouveaux-nés.
« On observe une augmentation de plus de 4 fois du nombre de mort-nés au Nord-Kivu », déclare Etienne Penlap, coordinateur santé pour le CICR en RDC. Les mères peinent à accéder aux soins, ce qui menace la couverture vaccinale et la santé des nouveau-nés dans une région touchée par de nombreuses maladies.
De plus, le CICR signale une multiplication par sept des consultations en santé mentale, avec plus de 4 600 cas liés aux violences armées et sexuelles.
L’étude révèle que près de 75 % des structures interrogées font face à des ruptures de stock de médicaments. « Les médicaments et biens matériels ont été emportés lors de pillages », a déclaré Safari, infirmier au Sud-Kivu. Le CICR insiste sur le fait que le droit international humanitaire impose aux parties belligérantes de protéger l’accès aux soins de santé.
Face à cette situation critique, François Moreillon appelle à des mesures urgentes : « Il est impératif que toutes les parties respectent et protègent les malades et le personnel soignant, et facilitent l’accès humanitaire aux soins médicaux. »
La situation nécessite également un financement transparent et durable pour soutenir l’action médicale dans la région.