C’est une voix de la pensée africaine qui s’est tue. L’écrivain, philosophe, linguiste et professeur émérite Mudimbe Vumbi Yoka Yves Valentin est décédé ce mardi 22 avril 2025, à l’âge de 83 ans, en Caroline du Nord, aux États-Unis. Ce décès plonge le monde intellectuel africain et international dans une profonde tristesse.
Né en 1941 en République démocratique du Congo, Mudimbe a traversé le siècle en semant des germes de pensée critique, d’émancipation intellectuelle et de dignité culturelle. Universitaire rigoureux, auteur prolifique et penseur intransigeant, il a marqué plusieurs générations de chercheurs à travers ses œuvres majeures telles que The Invention of Africa, Parables and Fables, ou encore L’odeur du père.
Philosophe du soupçon, il a passé sa vie à déconstruire les représentations coloniales et les enfermements identitaires. À travers ses écrits, il s’est imposé comme l’un des plus grands artisans d’un dialogue difficile mais nécessaire entre l’Afrique et l’Occident, entre les savoirs produits et les voix longtemps étouffées.
Son exil n’a jamais altéré son profond attachement à l’Afrique. Depuis les amphithéâtres de Louvain, de Stanford ou de Duke University, il parlait à Kinshasa, à Dakar, à Abidjan, et au monde entier avec la même exigence de lucidité.
La disparition du professeur Mudimbe est celle d’un géant, d’un phare dans la nuit de nos incertitudes. L’Afrique perd une conscience, une bibliothèque vivante, un homme qui croyait au pouvoir du verbe pour soigner les blessures de l’Histoire.
En ces heures de deuil, les hommages affluent, unanimes, pour saluer celui qui fut, jusqu’au bout, le gardien d’une mémoire libre et la sentinelle de notre dignité commune.
