Les pourparlers de paix initialement prévus ce mercredi à Doha entre le gouvernement de la République démocratique du Congo et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont été reportés à une date ultérieure non précisée, ont indiqué à Reuters des sources proches des deux parties.
Prévue comme la première rencontre directe depuis la prise de contrôle par les rebelles des deux principales villes de l’est du pays, cette réunion suscitait l’espoir d’un début de désescalade du conflit.
L’offensive du M23, menée à un rythme fulgurant, a déjà causé des milliers de morts et provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes, ravivant les craintes d’un conflit régional de grande ampleur.
Les rebelles de l’AFC/M23, qui occupent actuellement Goma, Bukavu et de larges pans du territoire dans l’est de la RDC, ont posé plusieurs conditions préalables qu’ils présentent comme des « mesures de confiance » pour entamer les discussions. Ces exigences, selon eux, visent à créer un climat favorable aux négociations de paix facilitées par le Qatar dans le cadre d’une médiation régionale.
Parmi ces mesures, l’AFC/M23 exige une déclaration solennelle du président Félix Tshisekedi s’engageant publiquement en faveur d’un dialogue direct avec le mouvement, l’abrogation de la résolution de l’Assemblée nationale du 8 novembre 2022 interdisant l’intégration des groupes armés au sein des forces de sécurité, ainsi que l’annulation des condamnations à mort, des poursuites et des mandats d’arrêt visant leurs dirigeants. Ils demandent également la libération des détenus civils et militaires accusés de collaboration avec leur mouvement.

La rébellion exige en outre que Kinshasa mette fin aux discours de haine, aux actes de discrimination, et aux cas de déni de nationalité visant certaines communautés.
De son côté, le gouvernement congolais maintient sa position : aucun dialogue sans un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, accompagné du retrait des forces de l’AFC/M23 des villes occupées, notamment Goma et Bukavu.
Les raisons exactes du report restent floues, mais selon des sources proches du dossier, aucune invitation officielle n’avait été envoyée en début de semaine.
« C’est simplement une question d’organisation », a déclaré un responsable congolais.
Le mois dernier, le Qatar avait facilité une rencontre surprise entre le président Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame, à l’issue de laquelle les deux dirigeants avaient appelé à un cessez-le-feu.
Les Nations Unies et plusieurs chancelleries occidentales accusent le Rwanda de soutenir militairement le M23, ce que Kigali nie, affirmant agir en légitime défense contre les FARDC et une milice accusée d’être liée aux auteurs du génocide de 1994.