Au cœur de l’instabilité persistante dans l’est de la RDC, Médecins Sans Frontières (MSF) et le ministère de la Santé ont mené une campagne de vaccination contre la rougeole dans la zone de santé de Masisi, du 5 au 10 juin 2025. Plus de 100 000 enfants âgés de 6 à 59 mois ont été vaccinés, malgré des conditions d’insécurité extrême.
La rougeole demeure une menace sérieuse en RDC, en raison de la faible couverture vaccinale et du climat d’insécurité. Dans le Nord-Kivu, qui représente plus d’un cinquième des 27 000 cas recensés cette année, la situation est critique.
« Cette campagne était vraiment nécessaire. Beaucoup d’enfants ont attrapé la rougeole récemment », a déclaré Anuarite Nyirabimana, une mère venue faire vacciner ses enfants près du village de Kanyati.
L’instabilité de la région a touché les structures de santé. MSF a perdu deux employés depuis le début de l’année, et l’hôpital de Masisi, qu’elle soutient, a été touché par des tirs à plusieurs reprises. « L’insécurité dans l’est de la RDC accroît le risque d’épidémies telles que la rougeole, mais rend également la réponse plus difficile. Pourtant, il est essentiel d’agir pour maîtriser l’épidémie », explique Helena Cardellach, coordinatrice MSF à Masisi.

En plus de vacciner, la campagne a permis de soigner de nombreux enfants déjà atteints de rougeole, souvent en situation de malnutrition. « Nous voyons des cas de malnutrition grave. Beaucoup de familles ont dû fuir leurs champs à cause des combats, et la nourriture devient hors de prix », témoigne Sadiki Nzazimanye Aimable, infirmier MSF. Le prix des haricots, par exemple, aurait triplé, aggravant l’insécurité alimentaire.
L’insécurité a perturbé l’acheminement des vaccins. La fermeture de l’aéroport de Goma après la prise de la ville par le M23/AFC en janvier a bloqué l’arrivée des stocks. « Pour mener à bien la campagne à Masisi, MSF a dû assurer l’acheminement de la majorité des vaccins et du matériel médical », poursuit Helena Cardellach. Des systèmes de chaîne du froid ont été installés et plusieurs centres de santé ont été équipés de glacières ou de nouveaux panneaux solaires.
Dans ce contexte tendu, les sensibilisations communautaires ont joué un rôle clé. « Il y a deux semaines, l’enfant de ma voisine est tombé malade. C’était la rougeole. Cela m’a incitée à amener mes enfants ici », a confié Maman Dorcas, une mère de Katale. Grâce à ces efforts, chaque enfant vacciné représente un pas vers l’immunité collective. Toutefois, avec un seuil requis de 95 % pour éviter les flambées, MSF insiste : la lutte est loin d’être terminée.