Jean-Pierre Bemba, ancien chef de guerre devenu politicien, semble vouloir se recycler en lanceur d’alerte patriote. Malheureusement, ses dernières déclarations ressemblent plus à un roman d’espionnage qu’à une réflexion politique sérieuse. Dans une série de sorties médiatiques, il a multiplié les accusations extravagantes : transferts financiers massifs au Rwanda, infiltration de l’armée congolaise, Joseph Kabila agent rwandais, Moïse Katumbi complice de puissances étrangères, et même un complot orchestré par l’Église catholique. Le ridicule n’a pas de limites.
66 millions de dollars par mois à Kigali : une blague à 14 milliards
Selon Bemba, la RDC aurait transféré 66 millions de dollars par mois au Rwanda pendant 18 ans, soit un total de 14,2 milliards de dollars. Une telle somme, pour un pays où l’État peine à payer ses fonctionnaires, aurait été repérée par le FMI ou la Banque mondiale. Aucun rapport, audit ou enquête ne fait état d’un tel transfert. Il faudrait croire que toute la planète s’est liguée pour cacher ce scandale… ou que Bemba invente des chiffres pour frapper les esprits.
Une armée “contrôlée par le Rwanda” ? Vraiment ?
Bemba affirme que l’armée congolaise est infiltrée et contrôlée par Kigali, ce qui impliquerait que le Rwanda contrôlerait une force militaire de plus de 100 000 hommes sans provoquer de soulèvement interne. Pourtant, les rapports de l’ONU ne parlent jamais d’un tel niveau de contrôle. Si le Rwanda contrôlait vraiment les FARDC, pourquoi ces affrontements contre le M23, soutenu par Kigali ? Bemba pousse l’exagération au grotesque.
Kabila, l’agent rwandais imaginaire
Selon Bemba, l’ancien président Joseph Kabila aurait usurpé l’identité du fils de Laurent-Désiré Kabila. Cette accusation, sans preuve sérieuse, a déjà été démentie. Ironiquement, si Kabila était un agent rwandais, pourquoi ses relations avec Kagame ont-elles été tendues ? L’argument ne tient pas et ressemble à une rancune recyclée en théorie du complot.

Katumbi, l’éternel bouc émissaire
Bemba accuse Moïse Katumbi de collusion avec des forces étrangères. Encore une fois, aucune preuve, juste des insinuations. C’est une tactique bien connue en RDC : accuser son rival d’être l’outil d’intérêts extérieurs quand on manque d’arguments solides.
Le dialogue, forcément un complot ?
Bemba accuse même l’Église catholique de vouloir renverser le président Tshisekedi via des initiatives de paix. Dans un pays ravagé par des décennies de guerre, remettre en cause le dialogue comme arme de déstabilisation est non seulement absurde, mais dangereux. Faut-il voir dans cette posture un rejet de toute solution pacifique qui ne passerait pas par ses ambitions personnelles ?
Les déclarations de Jean-Pierre Bemba sont un concentré de fantasmes, d’exagérations et de stratégies de diversion. Plutôt que de contribuer sérieusement au débat national, il semble vouloir ressusciter les vieux démons du complotisme pour redorer une image ternie. L’opinion publique congolaise mérite mieux que des discours de fiction.