Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) en RDC révèle une détérioration alarmante de la situation sécuritaire et humanitaire dans plusieurs territoires de l’Est du pays, dans un rapport du 9 mai 2025. Cette situation concerne notamment Walikale, Masisi, Lubero, Rutshuru, Beni, Nyiragongo et la ville de Goma en province du Nord-Kivu.
Couvrant la période du 1er au 15 avril 2025, le rapport met en lumière des affrontements armés, des déplacements massifs de populations, la menace persistante de restes explosifs de guerre (REG) et plusieurs alertes sanitaires.
À Walikale, une accalmie relative en début avril a permis le retour d’environ 20 % de la population. Toutefois, la situation reste tendue en raison de la présence de REG. Selon le rapport, « ces engins représentent un danger immédiat pour les civils, en particulier dans les zones agricoles ». Le 13 avril, de nouveaux affrontements ont été signalés à Kashebere et Kibati, entraînant de nouveaux déplacements, s’ajoutant aux 4 000 personnes déjà déplacées au début du mois.
Dans le territoire de Masisi, les violences se sont intensifiées. Entre le 1er et le 12 avril, plus de 77 000 personnes ont fui les combats. « Ces combats n’épargnent personne. Les familles fuient sans rien emporter, et les enfants sont traumatisés », témoigne un agent de santé de Lwibo.
L’Hôpital Général de Masisi est débordé, avec au moins 10 morts et 8 blessés enregistrés. Les déplacés s’entassent dans des localités comme Bikunche, Muroba ou Mafuo, dans des conditions humanitaires précaires.
À Lubero, le rapport signale une recrudescence des violences. Des attaques armées ont conduit à des violences sexuelles massives, notamment à Vuhato, où « au moins 32 femmes ont été violées et neuf jeunes hommes enlevés ». À cette insécurité s’ajoute une épidémie d’anthrax touchant les animaux, ainsi que la menace des REG, ayant causé la mort de plusieurs civils. « Les cultivateurs n’osent plus aller aux champs. Les REG sont partout », déplore une résidente de Kayna.

Dans le territoire de Rutshuru, les combats ont forcé le déplacement de milliers de familles. Le rapport documente 4 370 ménages déplacés entre le 3 et le 6 avril, notamment vers la paroisse et l’hôpital de Birambizo. La proximité des forces armées maintient un risque élevé de reprise des hostilités. Par ailleurs, la découverte de 47 hippopotames morts d’anthrax dans la région représente une menace sanitaire sérieuse. « Une coordination intersectorielle est nécessaire pour prévenir une crise de santé publique », souligne l’OCHA.
À Beni, les attaques des ADF continuent de semer la terreur. Le rapport indique que 11 corps ont été retrouvés dans les localités de Mulindi et Mayangose, probablement enlevés dans les champs quelques jours plus tôt. En réponse, les FARDC et l’armée ougandaise ont lancé des opérations militaires. « Les autorités exigent que les agriculteurs se fassent identifier avant d’accéder à leurs champs », précise le rapport.
Dans le Nyiragongo et dans la ville de Goma, la situation est préoccupante. Outre les violences armées ayant causé au moins 20 morts, l’épidémie de Mpox connaît une recrudescence. Le rapport note que « plus de 400 nouveaux cas ont été recensés dans les zones de Goma, Karisimbi et Nyiragongo en deux semaines ». Cette flambée est exacerbée par la promiscuité dans les centres de déplacés. Les intentions de retour des déplacés sont freinées par « l’insécurité persistante et l’absence de moyens de transport », selon une enquête du cluster CCCM.
Ces données alarmantes de l’UN OCHA intervienent dans un contexte de conflit croissant au Nord-Kivu entre les Wazalendo et les combattants du M23 malgré les appels au cessez-le-feu dans le cadre du processus de paix de Doha au Qatar.