Le gouvernement congolais a condamné, dans un communiqué publié le 8 mai 2025, la persistance des violations graves des droits humains et de l’intégrité territoriale par le M23/AFC et ses soutiens rwandais.
Selon le document signé par le ministre de l’Intérieur, Shabani Lukoo Bihango, la situation sécuritaire s’est détériorée de manière inquiétante ces dernières semaines, avec des violences touchant particulièrement les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Le communiqué détaille un lourd bilan humanitaire : « Plus de 308 cas d’assassinats et d’exécutions sommaires, 124 cas de viols, plus de 315 cas de tortures corporelles ont été recensés entre avril et mai 2025 », a déclaré le ministre.
Le ministre n’a pas précisé le lieu de l’incident. Des informations relayées par les autorités de Kinshasa n’ont pas été vérifiées par Kivumorningpost. Du côté de l’AFC-M23, il s’agit d’une propagande visant à nuire au mouvement.
En début de semaine, les autorités de l’AFC-M23 avaient accusé le régime de Kinshasa d’alimenter l’insécurité à Goma en finançant les Wazalendo, FDLR et FARDC présents dans la ville.
Les autorités du Nord-Kivu de l’AFC-M23 ont attribué l’insécurité à Goma aux éléments récidivistes des FARDC et Wazalendo qui continuent à semer le trouble parmi la population.
Le gouvernement accuse l’AFC-M23 de recrutements forcés, dont le plus récent concerne 35 jeunes enlevés le 23 avril dans le territoire de Nyiragongo. Selon l’AFC-M23, ces jeunes se rendent volontairement lors des activités de sensibilisation menées dans les deux provinces.
« Nous assistons à une intensification des arrestations arbitraires et des pillages, ce qui démontre une volonté manifeste de semer la terreur parmi les populations civiles », affirme le communiqué.

Kinshasa accuse également le M23 de mettre en place une administration parallèle illégale. « La transformation des entités coutumières en cités et centres, la nomination d’animateurs sans légitimité coutumière, ainsi que l’assassinat de chefs coutumiers comme Janvier Kabumba Bangumya et son fils, témoignent d’une stratégie de déstabilisation profonde », dénonce le ministre. Cette politique vise à asseoir un contrôle politique et militaire sur les zones occupées.
Les tensions sont ravivées par des manœuvres militaires continues. Le communiqué mentionne le renforcement des troupes RDF/M23-AFC et des attaques répétées contre les positions loyalistes dans plusieurs territoires, dont Lubero, Rutshuru, Masisi, Kalehe et Fizi. « Ces attaques, accompagnées de bombardements aveugles sur des zones densément peuplées, constituent une violation flagrante du cessez-le-feu », souligne le ministère, appelant la communauté internationale à agir face à ces provocations.
Kinshasa attire l’attention sur l’exploitation illégale des ressources naturelles. Le gouvernement accuse le M23 et ses alliés rwandais d’intensifier le pillage des minerais de Rubaya, via des projets de réhabilitation routière entrepris par des entreprises rwandaises. « Le lancement des travaux par Delta Two Construction SARL n’est qu’une façade pour renforcer l’accaparement des ressources congolaises », a martelé Shabani Lukoo Bihango. Le gouvernement réaffirme son engagement à documenter toutes ces violations pour que justice soit rendue et appelle à une mobilisation régionale et internationale accrue.
La réaction des autorités congolaises intervient alors que des négociations sont en cours entre les rebelles de l’AFC-M23 et Kinshasa. Les deux parties ont signé le mois dernier une déclaration commune permettant de poursuivre le dialogue avec l’instauration d’une trêve pour un cessez-le-feu effectif.