La République Démocratique du Congo (RDC) est secouée par l’affaire Bukangalonzo, un dossier judiciaire emblématique qui implique de présumés détournements de fonds liés à un projet agro-industriel. La Cour constitutionnelle a décidé que tous les prévenus, dont l’ancien Premier ministre Matata Ponyo, qui a refusé de comparaître, seront jugés par défaut.
Aucun des prévenus n’a comparu devant la Cour ce mercredi 23 avril.
Bien que Matata Ponyo ait déclaré avoir reçu une correspondance, la Cour n’a pas été informée d’une « résolution » de l’Assemblée nationale qui pourrait rappeler ses immunités en tant que député national et ancien chef du gouvernement.
Le climat judiciaire s’envenime, avec le procureur général de la République exprimant sa vive indignation face à l’attitude de Matata Ponyo. Selon lui, l’ancien Premier ministre utilise des manœuvres dilatoires pour échapper à ses obligations judiciaires, mettant ainsi en péril l’autorité de la Cour constitutionnelle, garante de l’ordre juridique.
La Cour a statué sur le défaut de comparution des trois prévenus : Augustin Matata Ponyo, député national, Déogratias Mutombo, ancien gouverneur de la Banque centrale, et Grobler Christo Stephanus, homme d’affaires sud-africain.
Le président de la Cour, Dieudonné Kamuleta, a précisé que pour que toute justification médicale soit prise en compte, elle doit être signée par trois médecins. Concernant Matata Ponyo, il a souligné l’absence de décision de l’Assemblée nationale, affirmant que cette institution, en tant que « sanctuaire de la démocratie », ne peut pas interférer dans les affaires judiciaires, conformément à l’article 151 de la Constitution.

« L’indépendance du pouvoir judiciaire est consacrée, et l’interaction entre institutions doit être respectée », a déclaré Kamuleta, réaffirmant ainsi la nécessité de préserver l’intégrité du système judiciaire face aux pressions politiques. La Cour a ainsi décidé de poursuivre la procédure en l’absence des prévenus, consolidant son rôle en tant que garante de l’État de droit en RDC.
Le parti de Matata Ponyo, le Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD), a annoncé que son président et ses avocats ne se présenteraient pas à l’audience. Dans un communiqué, le LGD a dénoncé la procédure engagée par la Cour, la qualifiant d’« irrégulière, illégale et inconstitutionnelle » et a évoqué l’absence de garanties pour un procès équitable.
Le parti appelle ses membres à la vigilance face à ce qu’il considère comme une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. « Nous demandons à tous les membres et sympathisants du LGD de demeurer en alerte face à l’arbitraire qui caractérise la conduite de ce dossier », peut-on lire dans le communiqué.
L’affaire Bukangalonzo reste au cœur de l’actualité congolaise, mêlant enjeux politiques et judiciaires. Matata Ponyo, ancien Premier ministre sous Joseph Kabila, est accusé de malversations dans la gestion du projet agro-industriel.