Le gouvernement de la République Démocratique du Congo a lancé depuis 2020, une initiative ambitieuse de collecte de 500 millions de dollars américains pour combler le déficit énergétique dans les milieux ruraux et péri-urbains et limiter les actions de déforestation qui menacent ses forêts.
Cette collecte sera faite par l’agence nationale de l’électrification et des services énergétiques en milieu rural et périurbain ANSER en sigle à travers le Fonds ‘’Mwinda’’ qui vise à accélérer l’électrification de la RDC en milieux rural et aux alentours.
SORAYA SOULEYMAN, chargée de communication et partenariat à l’agence nationale d’électrification et des services énergétiques ANSER en sigle, souligne que cela est désormais possible suite à l’abrogation du monopole du secteur énergétique jadis détenu par la société nationale d’électricité SNEL.
« Aujourd’hui, cette fois la société nationale d’électricité n’a pas le monopole dans l’énergie électrique. ANSER est là et va contribuer à électrifier une partie importante du territoire national selon l’ambitieux programme du gouvernement congolais. En 2025, nous visons à électrifier 30% de la population congolaise et le défi va se poursuivre. Ça peut être par photovoltaïque ou par hydroélectricité ou par éolienne » argue-t-elle.
Selon le dernier rapport du gouvernement congolais, la politique nationale de l’énergie, seuls 15% de la population congolaise à accès à l’énergie électrique en RDC. 93% continuent à faire recours au bois énergie.
De quoi inquiéter les acteurs de la protection de l’environnement. Olivier NDOOLE de Alerte Congolaise pour l’Environnement et les Droits de l’Homme ACEDH pense que la RDC devrait fournir des efforts afin de rendre réaliste l’accès à l’énergie pour tous et booster le développement : « La RDC est en très bonne position pour l’accès à l’énergie de toute sorte. Pour le solaire, le soleil arrose partout en RDC mais chose drôle, il n’y a aucune stratégie de développement de l’énergie solaire à court et à long terme disponible pour stimuler sa promotion et accélérer l’atteinte de l’accès à l’énergie durable pour tous. Nous avons une réserve en eau la plus essentielle en Afrique et au monde, paradoxalement nous n’avons pas la capacité à transformer cette eau en termes de potentielle énergétique pour nos populations » note-t-il

A ce jour, moins de 1% de la population rurale congolaise a accès à l’énergie électrique.
Pourtant, elle contribue à hauteur de 20 % au produit intérieur brut.
Olivier NDOOLE croit qu’avec cet apport, y rendre facile l’accès à l’énergie facilitera la RDC à gravir quelques échelons en matière de développement et ainsi s’approcher à quitter la catégorie pays moins avancés : « Les communautés doivent avoir de l’électricité pour transformer cette économie rurale pour répondre aux besoins locaux de base notamment en termes de création d’emplois, création des microentreprises paysannes et aussi en transformation et conservation. Sinon, nous serons dans une économie digestive que celle de production. Dans la recherche des bois pour cuire, nos mamans et nos filles ne doivent plus être violées, ne doivent plus tomber malades » interpelle-t-il.
Kambale Obedy, enseignant d’université à Goma croit qu’aux futures assises liées à l’énergie, il faudra du concret pour appuyer la RDC à intensifier l’électrification : « Nous avons lu avec intérêt le programme d’action de Doha pour les pays les moins avancés sur l’aspect énergie. On a vu les objectifs ambitieux sur ce point et c’est très prometteur. On a vu pareil agenda à Istanbul. Nous voulons cette fois-ci l’application effective des engagements qui visent à soutenir les efforts d’accès à l’énergie propre et abordable pour tous selon l’esprit du 7eme ODD surtout que nous sommes dans une décennie décisive » martèle-t-il.
Châtaigne DJUMA, jeune activiste sur le climat dans l’Est de la RDC interpelle de même les dirigeants mondiaux à mettre les jeunes au centre de toute action environnementale.
Elle croit que la jeunesse a une grande part dans la question liée à l’environnement et autres questions connexes.
Malgré les initiatives locales qui visent à électrifier la ville, à Goma par exemple, un sondage prouve que 95% de la population fait toujours recours aux bois et au charbon de bois pour la cuisson.
Divin BAHATI, utilise le réchaud à gaz mais croit que son problème n’est pas résolu : « Malgré que j’ai un réchaud à gaz recommandé et j’ai du courant en permanence, je me sens toujours dans l’obligation de recourir au charbon de bois et aux bois pour faire la cuisson car c’est plus ordinaire et abordable » souligne-t-il.
La RDC possède d’immenses ressources forestières.
Ses forêts séquestrent plus d’1 milliards de tonnes de dioxyde de carbone par année. Mais chaque jour une sérieuse menace plane sur cette forêt.
Fin Octobre 2022, la société civile du Sud-Kivu a alerté sur l’abattage en ‘’cascade’’ d’arbres au sein du parc national de Kahuzi-Biega.
Elle craint que cette aire protégée disparaisse dans les 5 prochaines années si rien n’est fait pour empêcher les activités de déforestation.
Parmi les causes de cet abatage d’arbres, il y a la cuisson. Ce qui va à l’encontre du septième objectif de développement durable des Nations Unies qui veut notamment une énergie propre et abordable pour tous. Pour Olivier Ndoole, les représentants de la RDC doivent mettre la problématique liée à l’accès énergétique parmi les priorités afin d’atteindre l’objectif 7 des ODD de l’ONU dans les 7 prochaines années. Un grand défi donc pour la RDC.
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