Dans une interview accordée mardi 25 mars 2025 à la BBC, le président burundais a critiqué le rôle du Rwanda dans la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC, affirmant que le président rwandais Paul Kagame est le véritable « commandant suprême du M23 ».
« Avant, il était prévu un dialogue entre le président Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Kagame s’est absenté, c’était à Luanda. Par la suite, le président Tshisekedi accepte de rencontrer le M23 et le M23 s’absente. C’est le même lieu et ce sont les mêmes alliés. Moi, ça m’amène à penser qu’il y a un roi faiseur de lois qui est derrière le M23 », a déclaré le chef de l’État burundais.
Selon lui, il est évident que le M23 ne peut pas prendre de décision sans l’aval du président rwandais.
« Si Paul Kagame a refusé d’aller à Luanda, est-ce que vous pensez que le M23 accepterait d’y aller ? C’est le commandant suprême du M23. Ce qu’il veut, c’est ce que le M23 veut. Ce qu’il fait, c’est ce que le M23 fait », a-t-il insisté.
Le président burundais a également dénoncé le manque de volonté du Rwanda dans la mise en œuvre des accords négociés pour ramener la paix dans la région.
« On a fait des négociations, on a abouti à des accords, mais quand il s’agissait de mettre en œuvre des choses sur lesquelles nous nous sommes convenus, le Rwanda a refusé », a-t-il affirmé.

Le ministre rwandais des Affaires étrangères a rapidement réagi sur Twitter, qualifiant les propos du président burundais de « malencontreux ».
« Cette déclaration de S.E. le Président du Burundi est malencontreuse, surtout que les autorités militaires et des renseignements des deux pays sont actuellement en discussion et sont même tombées d’accord sur le besoin d’une désescalade militaire et verbale », a-t-il écrit.
Il a également rappelé avoir évoqué cette question avec son homologue burundais lors de la réunion ministérielle conjointe EAC-SADC à Harare le 17 mars 2025.
« Nous étions parfaitement sur la même longueur d’onde sur cette question », a-t-il souligné.
« Le Rwanda va malgré tout continuer son engagement pour la paix avec le Burundi et dans la région des Grands Lacs, tout en espérant un peu de calme et de sérénité dans les propos officiels de l’autre côté de l’Akanyaru », a conclu le ministre rwandais.
Cette passe d’armes intervient alors que les tensions restent vives dans la sous-région, notamment avec la persistance des combats impliquant le M23 et les FARDC dans l’Est de la RDC.