La situation humanitaire dans la partie est de la RDC demeure l’une des plus préoccupantes dans le monde. Avec un chiffre de 6 millions de déplacés internes, le Congo-Kinshasa traverse une situation sans précédent dans son histoire. La province du Nord-Kivu est la plus affectée suite à la reprise de la guerre par les rebelles du M23 dans les territoires de Rutshuru, Masisi, Nyiragongo et Lubero. À ce problème s’ajoutent les violences imposées à la population de Beni par les ADF depuis bientôt une décennie.
Ce conflit armé entre la RDC et ses voisins, dont le Rwanda qui soutient la rébellion du M23, a entraîné des milliers de déplacés à affluer dans des camps autour de Goma.
Par exemple, le camp de Bulengo, situé dans la partie occidentale de la ville de Goma, précisément au quartier Lac Vert, abrite des milliers de ménages. Ils dépendent exclusivement de l’assistance humanitaire fournie par les ONG. Après plus de cinq mois de prise en charge et l’éclatement de nouvelles violences, ces organismes ont tourné le dos à ce camp et se sont orientés vers d’autres entités où les besoins humanitaires sont urgents.
Pour les ménages ayant tout abandonné dans leurs villages d’origine occupés par les rebelles du M23, vivre à Goma relève d’un véritable parcours du combattant. Certains parents ont décidé de brader l’avenir de leurs enfants en les transformant en mendiants pour survivre. Ces enfants parcourent plus de 10 km à pied pour quémander auprès des passants afin de subvenir aux besoins vitaux de leurs familles.
Touché par cette situation, un homme originaire de la République Démocratique du Congo et établis actuellement au Canada,a décidé de ne pas croiser les bras face à la souffrance dont ses compatriotes sont victimes. Par le truchement de Kivu Morning Post, celui-ci a jugé bon de financer des petits projets portés par les femmes pour répondre aux besoins de leurs familles. Ainsi, dans un premier temps, cinq projets ont été financés, et leur exécution se fera au camp de Bulengo.

Ces initiatives privées portent essentiellement sur le commerce et la restauration.
Madame Esther, venue du village de Shasha dans le groupement de Mupfunyi Shanga, ne savait plus à quel saint se vouer après avoir fini son stock alimentaire reçu auprès des ong.celleci menait une vie difficile, bien avant d’accéder aujourd’hui à son premier financement surprise pour son projet de vente de patates douces et de pommes de terre au camp.
« Ça fait six mois que je suis dans ce camp. Je suis mère de six enfants et mon mari est mort lors de l’attaque de notre village par la rébellion. Je suis obligée de porter seule le poids de ma famille. La dernière fois que nous avons reçu de l’assistance de la part d’une ONG remonte à soixante jours. La survie dans ce camp était devenue pénible. En recevant cet argent, je vais désormais être indépendante et autonome. Dès demain, je vais débuter mon projet d’ouvrir une petite activité de vente de patates douces ici au camp. Que le Seigneur vous bénisse énormément », lâche-t-elle, toute joyeuse dans sa cabane de un mètre et demi sur deux.
Nizeyimana, que nous croisons au bord d’une ruelle au camp de bulengo, fait partie de ces femmes déplacées courageuses dont les projets entrepreneuriaux moisissaient dans leur esprit, ne sachant pas vers qui se tourner pour les concrétiser.
D’un teint clair, elle ne donne pas l’air d’avoir autant de responsabilités à première vue. Enfant au dos, nous la croisons devant son abri provisoire en train de faire la lessive.
Après nous avoir reçus dans sa cabane, nous lui demandons ce qu’elle ferait si elle trouvait un peu d’argent. Sans hésitation, elle nous dévoile un projet bien étoffé.

« Ici à Bulengo, nos visiteurs et autres personnes n’ont pas où manger. Cela fait deux mois que je suis ici. Dans ma tête, un projet d’ouvrir un restaurant me tient à cœur. Si je trouve un peu d’argent pour acheter des casseroles et des assiettes, je peux débuter par la vente de haricots et de riz en attendant d’y ajouter de la viande et d’autres mets. »
Quelques minutes après de silence, nous sortons une enveloppe contenant une somme importante pour l’aider non seulement à acheter des casseroles mais aussi à acheter une première provision pour ses futurs clients.
« Oh Seigneur, je n’en reviens pas. C’est extraordinaire. Oh doux Jésus, je ne parviens pas à me retenir. Que dire de plus à part merci », dit-elle sous le coup de l’émotion.
Comme les deux précédentes, deux autres femmes et un responsable de ménages ont également reçu les mêmes moyens pour les encourager à mettre en place de petites activités en faveur de leurs ménages.
Depuis le début de l’année, Kivu Morning Post, par le truchement de ses journalistes, sert d’intermédiaire entre les membres de la diaspora congolaise et les déplacés de guerre pour la remise d’aide humanitaire. Ces dons proviennent principalement d’Afrique du Sud, des États-Unis et du Canada.
Ces gestes sont très encourageants pour les équipes du média en ligne Kivu Morning Post, dont le travail est de donner des informations importantes sur la région du Kivu, dans le but de transformer la communauté par l’usage du journalisme de solutions.