Une journée sans taxi-moto a été observée ce mercredi 8 mai dans toute la ville de Beni, au Nord-Kivu. Cette décision a été prise par la plateforme des associations de motos-taxis pour dénoncer l’assassinat d’un des leurs dans la nuit du lundi au mardi 7 mai, dans le quartier Boikene.
Dans leur déclaration, les conducteurs de taxi-moto ont demandé à leurs membres de suspendre également le transport de toute personne armée pour une durée indéterminée.
Une mobilité devenue pénible en ville
Ce mercredi, la ville de Beni a connu une mobilité inhabituelle. Plusieurs activités socioéconomiques semblaient tourner au ralenti en raison de l’absence de transport urbain. Les moto-taxis sont actuellement les seuls à assurer le transport en commun dans la ville de Beni, ainsi que dans le territoire de Beni.
Les hommes et les femmes, y compris les élèves en classe terminale, les personnes handicapées, les malades et les femmes enceintes, se sont retrouvés obligés de marcher à pied.
Fatiguée et épuisée, une femme âgée de 62 ans témoigne de la souffrance qu’elle a endurée en parcourant 6 kilomètres à pied, avec un sac pesant près de 16 kilogrammes sur le dos.
« Je suis extrêmement fatiguée de marcher à pied. Cette journée est difficile pour moi. Je souffre de rhumatismes, mais je dois marcher car je n’ai pas de véhicule ou de moto. Mon sac pèse presque 16 kg. Malgré mon âge, je vais traverser toute la ville avec cela sur le dos », se lamente Masika de Boikene, rencontrée par le correspondant de Kivumorningpost, alors qu’elle faisait une pause près du rond-point 30 juin sur le boulevard Nyamwisi.

De son côté, une femme enceinte d’environ 7 mois, se rendant à un rendez-vous de consultation prénatale, déclare : « C’est insupportable. Ça fait deux heures que je marche lentement pour atteindre l’hôpital. Ce n’est pas la faute des chauffeurs, mais plutôt du gouvernement qui est censé nous protéger », exprime-t-elle. Son nom est tu pour des raisons éthiques.
Un appel d’urgence aux services de sécurité et de défense congolais
Muhindo Makasani, un habitant de Butembo et chauffeur de taxi-moto qui séjourne à Beni après avoir déposé ses clients, ne sait pas où passer la nuit ce mercredi, ni quoi manger. Il demande au gouvernement de redoubler d’efforts pour restaurer la paix et la sécurité dans la région.
« Je viens de Butembo et j’ai trouvé la ville de Beni agitée. C’était déjà difficile d’entrer dans le centre-ville, juste après avoir traversé la barrière de Mukulia. Je ne sais pas où dormir en rentrant chez moi à Butembo. Je n’ai pas de lieu où passer la nuit ni de quoi manger, car nous n’avons pas travaillé. Je demande donc au gouvernement de nous aider et de nous protéger afin que cette situation ne se reproduise plus », déclare-t-il.
Il ajoute : « Lorsque nous passons la nuit à Beni, nous nous tournons souvent vers les responsables des parkings pour nous trouver un endroit où dormir. Mais dans la situation actuelle et avec le deuil de notre collègue, ils n’auront pas le temps de s’occuper de nous », s’inquiète Muhindo Makasani.
Il est à rappeler que plusieurs coups de feu ont été tirés vers une heure du matin ce mercredi 8 mai par le contingent tanzanien de la FIB-MONUSCO, en provenance de Kanyabayonga à Lubero, en direction de Beni avec leur équipement. Ce convoi de casques bleus se frayait un chemin sur la RN4 dans le quartier Boikene pour dégager les barrages érigés par les jeunes conducteurs de taxi-moto protestant contre l’assassinat de leur collègue.