La République d’Ouganda apporte bel et bien son soutien à la rébellion du M23 dans sa campagne belliqueuse dans l’Est de la RDC. La révélation est du groupe d’experts des Nations Unies.
Dans un rapport de 299 pages rendu public en date du 4 juin 2024, ces experts démontrent que depuis la résurgence de la crise du M23, l’Ouganda, un allié de taille de la RDC dans le cadre des opérations contre les ADF au Nord-Kivu et en Ituri, n’a pas interdit les troupes du M23 et de l’armée rwandaise ni leur passage sur son territoire, y compris lors de la prise de Bunagana. Ce groupe déplore le fait que malgré les nombreuses révélations sur la collusion entre les deux parties, l’Ouganda ne l’a jamais admis ouvertement.
« Le Groupe d’experts a obtenu des preuves confirmant le soutien actif donné au M23 par certains responsables des UPDF et le commandement des services de renseignement militaire. Des sources de renseignement et des personnes proches du M23 ont également confirmé la présence d’officiers du renseignement militaire ougandais à Bunagana depuis au moins la fin de l’année 2023 pour assurer la coordination avec les chefs du M23, fournir de la logistique et transporter les chefs du M23 vers les zones contrôlées par le M23 », indiquent ces experts onusiens.
« Le 27 janvier 2024, plusieurs sources ont vu des soldats ougandais passer par Kitagoma pour se rendre en République démocratique du Congo et mener des opérations dans les zones contrôlées par le M23, en particulier le groupement Busanza et le territoire de Rutshuru, d’où un groupe est allé vers Tongo et l’autre vers Mabenga. » ont-ils révèle.

Outre ces révélations d’appui militaire, ce rapport révèle également des mouvements de certains caciques du M23 vers la capitale de l’Ouganda. Des réunions stratégiques de ces mouvements ont également eu lieu dans cette partie du continent sous le silence coupable des autorités ougandaises.
« Il convient de noter que des chefs du M23, y compris Sultani Makenga, qui fait l’objet de sanctions, se sont rendus à Entebbe et à Kampala en violation de l’interdiction de voyager. Au cours de la période considérée, il a été prouvé que le M23 et l’AFC menaient fréquemment des opérations sur le territoire ougandais. Les chefs de l’AFC, dont Corneille Nangaa, qui habitait récemment encore à Kampala, ont tenu des réunions avec des représentants de groupes armés congolais et des individus très proches du mouvement. » ajouté les experts de l’ONU
Jusqu’à présent, le gouvernement congolais ne s’est pas encore prononcé sur ce soutien de l’Ouganda aux terroristes du M23. Depuis plusieurs mois, les acteurs de la société civile du Nord-Kivu ne cessent de tirer les oreilles du gouvernement pour une révision de sa stratégie de coopération militaire avec l’Ouganda, impliqué dans la crise au Nord-Kivu. En dépit des dénonciations, les autorités congolaises ont jugé mieux de ne pas se faire plusieurs ennemis au même moment, privilégiant l’apport de l’Ouganda dans la traque contre les combattants terroristes de l’ADF dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Des opérations ayant du plomb dans les ailes au vu des résultats mitigés.