Le prix Nobel Denis Mukwege réitère son inquiétude face au retrait accéléré des casques bleus de la MONUSCO en République démocratique du Congo. Selon lui, cette situation risque de créer un vide sécuritaire, estimant que « c’est dans ce contexte que la MONUSCO et le gouvernement congolais poursuivent le plan de désengagement accéléré et de retrait, qui s’est achevé au Sud-Kivu ».
Dans un communiqué signé à Bukavu par Dr Denis Mukwege et rendu public jeudi 27 juin 2024, il souligne que la RDC est encore loin du stade où la menace posée par les groupes armés nationaux et étrangers, notamment la CODECO, les ADF et le M23, a été réduite à un niveau qui puisse être géré par les forces de sécurité et de défense congolaises.
« Nous réitérons nos vives préoccupations quant au retrait accéléré de la MONUSCO et au transfert des responsabilités aux autorités nationales qui risquent de créer un vide sécuritaire et un déficit de protection des civils très dangereux dans le contexte actuel de la guerre d’agression et d’occupation à laquelle la RDC doit faire face », peut-on lire dans le document.
Le prix Nobel Denis Mukwege exhorte le Conseil de sécurité à rester à l’écoute de la situation sécuritaire en RDC, tout en appelant le gouvernement et la MONUSCO à arrêter d’abord le plan de désengagement pour les deux provinces sous état de siège.
« Nous exhortons le Conseil de sécurité à rester saisi de la situation en RDC et appelons le gouvernement congolais et la MONUSCO à suspendre le plan de désengagement pour le Nord-Kivu et l’Ituri et à reconfigurer le mandat de la Mission et de la Brigade d’intervention, le temps de mener une réforme profonde du secteur de la sécurité et de la justice en RDC et de déployer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire. »

En outre, il poursuit en disant : « Nous appelons les gouvernements membres du Groupe de contact international pour la région des Grands Lacs et les représentants des institutions garantes de l’Accord-Cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région à ne plus tolérer les violations systématiques des droits humains, du droit international et de l’embargo sur les armes commises par le Rwanda, et à adopter un régime fort de sanctions pour obliger le régime de Kigali à retirer ses troupes du sol congolais et son soutien au M23. »
Il lance un appel à la population congolaise de quitter son sommeil, car l’absence de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national et le départ de la MONUSCO vont exacerber un vide qui existe déjà, et la nature a horreur du vide. Il y aura une aspiration de toutes les forces négatives de la région dans les provinces de l’Est, entraînant ainsi l’escalade du conflit en cours avec des conséquences humanitaires incalculables, un risque sérieux de « somalisation » de la région et une menace accrue à la paix et à la sécurité internationales.
Selon le Groupe d’experts de l’ONU sur la RDC, entre 3 000 et 4 000 éléments de l’armée rwandaise sont présents sur le territoire congolais et opèrent conjointement avec le M23, groupe armé terroriste dont la recrudescence en novembre 2021 a largement contribué à l’aggravation de la situation sécuritaire et humanitaire déjà dramatique au Nord-Kivu.