Chaque 26 juin, le monde commémore la Journée internationale de solidarité aux victimes de la torture. Dans la province du Nord-Kivu, cette commémoration se déroule dans un contexte particulièrement difficile, marqué par la guerre imposée par les rebelles du M23 et leurs alliés à la République Démocratique du Congo. Cette situation a engendré de nombreux cas de tortures et de violations des droits humains.
L’organisation Haki Zangu, œuvrant dans le domaine de l’assistance judiciaire et de l’aide légale en faveur des défenseurs des droits humains en danger, mais aussi pour l’abolition universelle de la peine de mort et la lutte contre la torture et les mauvais traitements qui y sont associés, attire l’attention des autorités sur la banalisation des actes de torture et leurs conséquences sur la vie humaine.
Selon le responsable de cette structure, aucune action ne peut justifier le recours à la torture pour obtenir des aveux forcés d’un détenu.
« Depuis deux ans, notre province traverse une situation humanitaire et sécuritaire assez particulière. Par exemple, certains agents de service de sécurité se livrent à des actes de torture dans les cachots et même dans les établissements pénitentiaires. En cette journée, nous pensons que les autorités devraient mettre en place des mécanismes pour décourager ces pratiques, tant au niveau de notre province qu’à l’échelle nationale, » plaide Maître Jean-Luc Bahati.
Malgré les circonstances difficiles dans lesquelles certains services de renseignement exercent leurs activités en cette période d’agression du pays , ce défenseur des droits humains rappelle que la torture est un crime contre l’humanité en vertu du droit international.

« Ici, plusieurs personnes se plaignent de l’existence de certains cachots (Kiboro) où elles sont maltraitées. Je tiens à rappeler aux belligérants que ces pratiques sont non seulement punissables par la loi, mais qu’elles constituent également une négation de la dignité inhérente à l’être humain. L’utilisation de la torture comme stratégie militaire délibérée par des individus délinquants, opportunistes, soldats doit être interdite, » ajoute-t-il.
Cette vision est partagée par le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, qui met en garde les pratiquants de la torture et les systèmes qui l’autorisent.
« Les tortionnaires ne doivent jamais être autorisés à échapper aux conséquences de leurs crimes, et les systèmes qui permettent la torture devraient être démantelés ou transformés, » prévient ce haut cadre onusien.
Pour rappel, la torture est tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne, notamment pour obtenir des renseignements ou des aveux, ou pour l’intimider. En RDC, certains services, tels que les renseignements militaires et policiers, sont souvent accusés de ces pratiques. Au Zimbabwe, en Éthiopie, en Guinée Équatoriale et en RDC, la torture est utilisée comme un véritable système d’enquête et de répression au service de l’appareil sécuritaire.
Entre le 1er avril 2019 et le 30 avril 2022, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme a documenté au moins 3 126 cas de torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, faisant 4 185 victimes sur l’ensemble de la RDC. Ces actes sont généralement commis par les services de sécurité et les groupes armés.