Les organisations de la société civile congolaise FDAPID, HPT, BEDEWA, ADEC/DDH RDC4 et Haki Zangu ont à travers une note de plaidoyer dressé un tableau sombre de la situation carcérale au Nord-Kivu.
A travers un monitoring réalisé dans les prisons de Goma/Munzenze, de Masisi et de Walikale sur une période allant du 01 Janvier au 07 Septembre 2023, ces organisations ont fait savoir que la situation est inhumaine dans ces prisons.
« La Prison centrale Munzenze de Goma, construite avec une capacité d’accueil de 300 personnes, héberge à ce jour 3658 âmes (3522 hommes, 136 femmes) auxquelles s’ajoutent 21 Nourrissons et plus de 40 enfants/mineurs). Les condamnés sont au nombre de 697 personnes, (682 Hommes et 15 Femmes), soit 19%. La population carcérale de Munzenze mange difficilement une fois par jour ; les cas de malnutrition et autres pathologies chroniques (tuberculose, diabète, etc) y sont nombreux. Ces détenus sont exposés aux intempéries parce que les tôles d’une partie de la prison sont vétustes et trouées. Au moins 24 détenus sont décédés pendant la période couverte par notre monitoring. La torture physique et psychologique y est au top » ont indiqué ces organisations dans une déclaration commune.
« La Prison centrale de Walikale, construite avec une capacité d’accueil de 60 personnes, héberge actuellement 189 êtres humains (182 hommes, 6 femmes et 1 nourrisson), parmi eux 12 condamnés (10 hommes et 2 femmes), soit 6,3%. La restauration est un casse-tête ; 19 personnes y sont mortes de janvier à août 2023. Il y a une mésentente entre les détenus militaires et les civils avec un risque élevé d’incidents graves dans les jours à venir ; manque de service médical ; les détenus sont exposés aux intempéries et aux risques de morsure par les serpents parce que le bâtiment est dans un état vétuste ; les femmes et les hommes sont détenus dans un même endroit ; les procès n’y sont pas organisés depuis l’entrée en vigueur de l’Etat de siège au Nord-Kivu en mai 2021 ; insuffisance du personnel (4 agents pénitenciers non formés et non payés). La torture physique et psychologique y est aussi au top » ont ajouté FDAPID, HPT, BEDEWA, ADEC/DDH RDC4 et Haki Zangu.

Elles ajoutent que la Prison centrale de Masisi, construite avec une capacité d’accueil de 120 personnes aujourd’hui héberge 93 détenus (82 Hommes, 7 Femmes et 4 enfants en conflit avec la loi de sexe Masculin). Cette prison a enregistré 43 décès dont 26 morts de janvier à avril 2023 et 17 morts entre Avril et Juillet 2023.
Ici les robinets, douches et toilettes sont bouchés ; pas des tenues pour les détenus ; les détenus passent nuit à même le sol par manque de lits, de matelas et de couvertures ; les détenus mangent difficilement une fois par jour et de fois ils broutent les herbes.
Ces organisations demandent au gouvernement congolais de considérer ces personnes en péril en améliorant les conditions carcérales dans la Province du Nord-Kivu en particulier et en RD Congo en général, gage du respect de la prestigieuse constitution qui consacre en son article 16 la sacralité de la vie humaine et les obligations auxquelles est soumis l’État.
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